Intervention de Jean-Baptiste
Schneider, doctorant en Histoire et Cultures de l’Alimentation
Membre de l’Équipe Alimentation
(LÉA)
Université François Rabelais de
Tours
Cette communication présentera les
résultats des recherches menées actuellement sur l’alimentation des émigrants
durant le grand mouvement de populations entre l’Ancien et le Nouveau monde
qu’ont connu le XIXe et le début du XXe siècle. En effet, entre 1820 et 1910,
près de 25 millions d’immigrants européens ont été admis sur le territoire
américain. Autant d’exilés qui entreprennent un voyage maritime en direction
des États-Unis. Autant de bouches à nourrir avant et durant la traversée transocéanique.
L’étude diachronique des textes législatifs encadrant l’alimentation des
passagers d’entrepont à bord des navires transatlantiques édictés au XIXe
siècle dévoile le degré de préoccupation des pouvoirs politiques sur le sujet. Tout
au long de cette période, les gouvernements, qu’ils soient européens ou
américains, vont légiférer et faire évoluer les obligations des armateurs dans l’allocation
alimentaire distribuée aux émigrants durant la traversée. L’alimentation
embarquée devient alors un enjeu politique permettant, soit de freiner, soit de
favoriser le transit des voyageurs vers une destination précise. Parfois
approuvée, souvent contestée par des capitaines qui se passeraient bien de
cette responsabilité, cette superposition d’ordonnances digne d’un millefeuille
législatif ne fait pas l’unanimité auprès des armateurs. Grâce aux rapports
d’investigations, aux prescriptions provenant des guides et aux récits des
émigrants, nous tenterons de mesurer leurs applications mais également leurs
limites. Comme cadre d’étude, nous avons retenu trois pays européens : la
France, le Royaume-Uni et la Confédération germanique avec pour cette dernière,
plus précisément, les textes législatifs de la ville de Hambourg. Puisqu’un
grand nombre d’actes américains s’applique également aux navires en provenance des
ports européens, nous avons inclus une quatrième nation : les États-Unis.
C’est dans ce contexte complexe que la
Compagnie Générale Transatlantique, la Hambourg
Amerika Line et la Cunard vont se
livrer à une véritable concurrence pour attirer un maximum d’expatriés à bord
de leurs navires. Les conditions de restauration et l’alimentation dispensée
dans le port d’embarquement font partie des commodités mises en avant pour
séduire cette clientèle.
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