vendredi 3 mars 2017

Les pratiques alimentaires des étudiants chinois en France : approche de leurs processus d’adaptation


Intervention de Danyu Liu le vendredi 13 janvier 2017, Doctorante en Sociologie à l’EHESS

            Chaque année, des milliers d’étudiants chinois décident de sauter le pas et choisissent la France. Depuis 1998, la politique française est devenue plus souple en matières de visas étudiants. Les étudiants chinois sont de plus en plus nombreux à suivre des formations en France, les domaines d’études les plus prisés sont l’économie et la gestion, l’ingénierie et l’art. Les motivations de ces étudiants sont davantage liées à des considérations d’opportunités économiques qu’à des penchants culturels.
Pour la majorité d’entre eux, il s’agit d’une expérience inédite qui implique une rupture profonde avec leur mode de vie antérieur, sur les plans sociaux, culturels, géographiques et de rythme de vie. En arrivant dans un milieu qui ne ressemble pas du tout à son pays d’origine, manger est un premier acte auquel on doit faire face, ce qui pose à la fois des problèmes d’adaptations matérielles mais aussi culturelles.
            Cette recherche porte sur une population originaire de la République Populaire de Chine (RPC), elle est née après les années 80, elle est arrivée en France après les années 2000. Dès lors, ce travail consiste à comprendre comment cette population, au travers de différentes étapes d’apprentissage culinaire, a pu incorporer de nouveaux aliments dans les aliments chinois. Comment elle a appris à faire la cuisine? Par quels moyens? D’où lui viennent cette volonté et cette motivation? Etc.
            Pour répondre à ces questions, ce travail s’appuie sur les matériaux collectés, à travers l’enquête qualitative. Ces données nous livrent d’abord une analyse des parcours de cette population, notamment son rapport à l’alimentation avant d’arriver en France et ses représentations concernant la cuisine. Ensuite elles nous permettent de découvrir dans quelles mesures ses expériences respectives en Chine influencent ses réactions et les stratégies qu’elle adopte pour satisfaire ses besoins alimentaires. Enfin elles nous indiquent les stratégies et les compromis auxquels elle a recours pour s’adapter.
            

mercredi 1 mars 2017

L'organisation des petits et grands dîners aux Tuileries du Consulat au Second Empire



Intervention de Charles Eloi-Vial le vendredi 24 février 2017.

Malgré la chute de la monarchie en 1792, une vie de cour refleurit au palais des Tuileries dès le Consulat, pour le disparaître qu'avec la fin du Second Empire en 1870. Arrivés sur le trône suite à des coups d'Etat, des révolutions ou des défaites militaires, les souverains français du XIXe siècle tentèrent de gagner en légitimité en réformant de manière radicale l'ancienne étiquette en vigueur à Versailles sous l'Ancien Régime, notamment pour tout ce qui concernait les repas, que les rois de France prenaient généralement seuls et en public. Dès l'arrivée au pouvoir de Bonaparte, de grands banquets, inspirés par les usages révolutionnaires, furent ainsi organisés aux Tuileries, réunissant plusieurs centaines de personne. Par la suite, tous les régimes surent inventer de nouvelles manières de recevoir : les cuisines furent ainsi énormément sollicitées sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire, où 6000 invités pouvaient être invités à dîner par le souverain dans la même soirée. La succession de buffets, de collations, de déjeuners plus ou moins intimes et de grands dîners réunissant la fine fleur de la société montrent l'utilisation des arts de la table, perçus par les monarques et leur entourage comme une arme politique. La composition des menus, le fonctionnement des cuisines, le travail du personnel et la façon de servir à table, le service à la française disparaissant progressivement au profit du service à la russe, permettent d’étudier la naissance progressive d'un art de recevoir qui n'évoque plus seulement la monarchie, mais renvoie directement à nos traditions républicaines actuelles.


Les derniers feux de la monarchie. La cour au siècle des Révolutions 1789-1870.
Charles-Eloi VIAL
Empereurs, rois et courtisans au siècle des révolutions. 

La cour de France n'est pas morte avec l'Ancien Régime. Au contraire, elle n'a cessé de renaître de ses cendres et de se métamorphoser sous les quatre rois – Louis XVI, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe – et les deux empereurs – Napoléon Ier, puis Napoléon III – qui ont occupé le pouvoir de 1789 à 1870.

Écrit à partir de nombreuses archives inédites, ce livre sans précédent est riche en découvertes et en réflexions sur la vie quotidienne des souverains successifs et de leurs courtisans. D'une plume alerte, Charles- Éloi Vial transcrit leurs voyages, leurs fêtes et représentations publiques, mais aussi le coeur de leur intimité, à la fois au zénith de leur apogée, puis dans la brutalité de leur chute.

L'auteur explique ainsi la permanence d'une tendance à l'enfermement et d'une volonté politique d'ouverture, paradoxe fondateur de la cour et plus largement de la vie politique nationale. C'est dire si ce remarquable ouvrage vient régénérer l'histoire de la cour, finalement grande gagnante du siècle des révolutions.

Charles-Eloi VIAL
Archiviste paléographe, docteur en histoire de l'université Paris-Sorbonne, Charles-Éloi Vial est conservateur à la Bibliothèque nationale de France, où il est chargé des manuscrits modernes et contemporains. 
Son dernier et passionnant ouvrage « Les derniers feux de la monarchie. La cour au siècle des révolutions 1789-1870 » est à découvrir et à lire sans modération.
 Il y traite bien entendu du fonctionnement de ces cours successives mais il évoque aussi, au travers de très nombreuses archives souvent inédites, la vie quotidienne avec ses fêtes, ses banquets, ses soupers, ses buffets… et par là même tous les types de repas qui étaient servis, sans oublier les arts de la table, les types de services et bien sûr les types de mets et de vins …