Sens grossier, sens
corporel, sens animal, sens matériel … Le goût est, dans les cultures
anciennes, un sens inférieur, placé au bas de la hiérarchie des sens. Il peine
à éveiller l’attention des savants, fascinés par les merveilles de l’œil et du
regard. Comment expliquer, dès lors, l’avènement au XIXe siècle
d’une culture qui invente et célèbre la gastronomie, dont nous sommes
aujourd’hui les héritiers ? Pour répondre à cette interrogation, il convient
d’emprunter des chemins bien plus complexes et sinueux que ceux que nous offre
l’histoire de la seule cuisine. Dès lors qu’on l’envisage dans la perspective
générale d’une histoire du sensible, le goût se situe non plus seulement entre
le salé et le sucré, mais se retrouve au cœur de débats théoriques essentiels
portant sur les rapports entre le corps et l’esprit, la Nature et la Culture, l’identité et l’altérité. Ce livre emprunte plusieurs
parcours, du « goût de Dieu » des mystiques au « bon goût » de l’honnête homme,
en passant par le je ne sais quoi si fréquemment associé à un sens qui désignera,
dès le XVIIIe siècle, le jugement esthétique. Cuisiniers,
médecins, philosophes – qu’ils soient cartésiens, empiristes, sensualistes ou
matérialistes –, hommes d’Église, chimistes, démonologues et encyclopédistes
nous montrent ici combien parler du goût c’est aussi et surtout réfléchir les
rapports que l’homme des Temps modernes entretient avec le monde, sensible, qui
l’entoure.
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