vendredi 27 mai 2016

L’alimentation des émigrants dans les ports d’embarquement européens et à bord des navires transatlantiques (XIXe - début du XXe siècle) : entre prescriptions législatives, obligations des armateurs, conseils des guides et réalités des conditions de l’entrepont



Intervention de Jean-Baptiste Schneider, doctorant en Histoire et Cultures de l’Alimentation
Membre de l’Équipe Alimentation (LÉA)
Université François Rabelais de Tours

Cette communication présentera les résultats des recherches menées actuellement sur l’alimentation des émigrants durant le grand mouvement de populations entre l’Ancien et le Nouveau monde qu’ont connu le XIXe et le début du XXe siècle. En effet, entre 1820 et 1910, près de 25 millions d’immigrants européens ont été admis sur le territoire américain. Autant d’exilés qui entreprennent un voyage maritime en direction des États-Unis. Autant de bouches à nourrir avant et durant la traversée transocéanique. L’étude diachronique des textes législatifs encadrant l’alimentation des passagers d’entrepont à bord des navires transatlantiques édictés au XIXe siècle dévoile le degré de préoccupation des pouvoirs politiques sur le sujet. Tout au long de cette période, les gouvernements, qu’ils soient européens ou américains, vont légiférer et faire évoluer les obligations des armateurs dans l’allocation alimentaire distribuée aux émigrants durant la traversée. L’alimentation embarquée devient alors un enjeu politique permettant, soit de freiner, soit de favoriser le transit des voyageurs vers une destination précise. Parfois approuvée, souvent contestée par des capitaines qui se passeraient bien de cette responsabilité, cette superposition d’ordonnances digne d’un millefeuille législatif ne fait pas l’unanimité auprès des armateurs. Grâce aux rapports d’investigations, aux prescriptions provenant des guides et aux récits des émigrants, nous tenterons de mesurer leurs applications mais également leurs limites. Comme cadre d’étude, nous avons retenu trois pays européens : la France, le Royaume-Uni et la Confédération germanique avec pour cette dernière, plus précisément, les textes législatifs de la ville de Hambourg. Puisqu’un grand nombre d’actes américains s’applique également aux navires en provenance des ports européens, nous avons inclus une quatrième nation : les États-Unis.

C’est dans ce contexte complexe que la Compagnie Générale Transatlantique, la Hambourg Amerika Line et la Cunard vont se livrer à une véritable concurrence pour attirer un maximum d’expatriés à bord de leurs navires. Les conditions de restauration et l’alimentation dispensée dans le port d’embarquement font partie des commodités mises en avant pour séduire cette clientèle.

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