lundi 26 janvier 2015

Le romand du chocolat suisse, Gilles Fumey



Sur la planète du chocolat, la Suisse peut être vue comme une anomalie géographique. Les Suisses sont les plus gros mangeurs de chocolat au monde et sont aussi les producteurs les plus appréciés. Une anomalie qu’on a mise sur le compte d’une gourmandise bien placée ou d’une capacité innée à faire de la qualité dans cette « niche » gastronomique. Or, cette question d’histoire et de géographie culturelle mérite qu’on s’y attarde. Rien ne prédestinait la Suisse à exploiter toutes les capacités du chocolat à être l’une des friandises les plus prisées au monde. La Suisse n’a pas d’empire colonial, donc pas de connexion directe avec les producteurs. La Suisse n’a pas connu de pouvoir politique avec une cour royale avide de plaisirs et de représentation. La Suisse, enfin n'a pas de tradition pâtissière affirmée comme l'Espagne ou l'Autriche qui destinait au chocolat une place de choix dans les plaisirs de bouche.
Gilles Fumey plonge dans les racines culturelles de quelques villes pionnières, de quelques familles entreprenantes qui ont su prendre la mesure du parti qu’elles pouvaient tirer du chocolat. Les  grands noms circulent dans ce livre. Leur histoire familiale devient peu à peu une histoire «   nationale », celle de la Suisse qui adopte le chocolat comme l’un de ses marqueurs identitaires les plus forts.
Aux éditions Belvedère

PAPILLES, culture & patrimoine gourmand n° 42


mercredi 14 janvier 2015

Manger et boire en Afrique avant le XXe siècle. Cuisines, échanges, constructions sociales








Petite jarre néolithique, Mauritanie (échelle : 10 cm ; © S. Amblard-Pison)
Ces jarres servaient à stocker des grains, en plus des greniers.

Le dossier n° 5 (année 2014) de la revue en ligne Afriques. Débats, méthodes et terrains d'histoire (http://afriques.revues.org) est paru en décembre dernier. Il s'intitule « Manger et boire en Afrique avant le XXe siècle. Cuisines, échanges, constructions sociales ». Dirigé par Monique Chastanet, Gérard Chouin, Dora De Lima et Thomas Guindeuil, ce dossier se veut un dernier état de l’avancement des connaissances sur la construction sociale et culturelle des pratiques alimentaires en Afrique « ancienne », sur un continent encore peu fréquenté par les historiens de l'alimentation. Il réunit quatorze textes d'historiens, mais aussi d'archéologues et d'une linguiste, écrits en anglais et en français, articulés autour de quatre thèmes : problèmes méthodologiques, pluralité des modèles culinaires, approches du festin et enfin aspects alimentaires de la construction de l'espace atlantique.

lundi 5 janvier 2015

Brève contribution pour l’étude de la pomme de terre au XIX ème siècle au Portugal – images e bibliographie, Maria José Palla


José Júlio de Souza Pinto, A recolha das batatas, 1898, Museu de Orsay 
Intervention 17 janvier 2014



J’ai eu la curiosité de travailler sur un sujet qui n’entrait pas dans mon domaine de recherche. À la lecture d’une pièce de théâtre du XIXe siècle portant sur la pomme de terre, l’envie m’est venue d’étudier de plus près l’importance du tubercule dans cette œuvre. J’ai déjà pratiqué à plusieurs reprises ce genre d’études sur l’alimentation dans la littérature ­- je viens par ailleurs de publier un livre sur la mise en scène de la nourriture dans le théâtre de Gil Vicente.  La pièce en question s’appelle O Salto Mortal, l’auteur est Henrique Lopes de Mendonça. Dans cette œuvre la pomme de terre est un élément très important, presqu’autant que l’intrigue de la pièce.  J’ai recherché des pommes de terre dans la peinture portugaise avec de faibles résultats. Il y a peu de tableaux portugais où l’on en trouve. Le plus ancien est celui de Manuel Henrique Pinto, (Nabos cenoiras batata, c. 1874) [fig. 1] avec des navets, pommes de terre et carottes. On connaît un autre au musée d’Orsay (1898), à Paris, de José Júlio Sousa Pinto [fig. 2), et un autre du même artiste, dans la banque Millenium [fig. 3]. Un ami, José Borges da Gama, m’en a indiqué un autre, perdu, (Crépuscule 1892) [fig..4 ], du peintre  José Malhoa. Il ne faut pas oublier l’assiette avec de la morue et des pommes de terre communiqué par le directeur du musée Rafael Bordalo Pinheiro [fig. 5]. Il est d’autre part curieux que l’écrivain Eça de Queirós, le Zola portugais, qui a décrit 2500 repas dans ses romans, n’ait jamais mentionné la pomme de terre dans son œuvre. Un autre écrivain, Almeida Garrett, dans son livre Viagens na Minha Terra, la cite une seule fois, à l’impératif, plantez des pommes de terre,  « Plantai batatas ! » (Plantez des pommes de terre !). L’importance du repas est en opposition avec le contenu, le repas est simple et banal, le ventre est cité très souvent : «já me atulhaste essa pança?»  (as-tu remplis ta panse ?) (p. 32), le mari est exigeant et se plaint d’avoir toujours des pommes de terre à manger, sa femme l’insulte, «toma, enforca-te a comer!» (essaye de te tuer à manger !) (p. 27) Le repas dure la moitié de la pièce, nous savons que l’auteur veut nous faire participer au repas, veut mettre en relief la pomme de terre, expliquer ce que l’on mange dans une maison pauvre: pommes de terre, saucisson,  broa (pain de maïs) et beaucoup de vin vert. De toute façon, il n’y a pas beaucoup de représentations de pommes de terre dans la peinture européenne de l’époque. Il y a aussi des pièces du théâtre français, des vaudevilles avec ce thème avec le thème de la pomme de terre : Saint Félix et ses pommes de terre  de Henri Brochet 1898 ; Les Pommes de terre malades, de Dumaron et Clairville, avec Sainville, 1845.


Bibliographie
Mendonça, Henrique Lopes, Theatro pittoresco, Salto Mortal, Amor Louco, Lisboa, Secção Editorial da Companhia Nacional Editora, 1900.
 Instrução sobre a cultura das batatas traduzido do inglês por ordem superior, Lisboa, na regia oficina typografica, ano 1752. Tentar digitalizar
 Tractado sobre cultura, uso e utilidades das batatas, solanum tuberosum e instrução para a sua melhor propagação por D. Henrique Doyle, traduzido do espanhol de Ordem Superior por Fr. José Mariano Velloso, Lisboa na typographia chalcographica e litteraria  do arco do cego, anno 1800.
Instrução teoria e pratica para a fabricação das aguardentes por Mathieu de Dombalsle, traduzida por J,P, Junior, Lisboa, Na tipografia de G.M. Marrtins, 1856.
João da Mata. A arte da cozinha, 1876.
A cozinheira elegante e económica, publicação culinária, semanal, n’1 4º ano, Lisboa, tipografia futuro, 1870.
Irisalva Moita, A Caricatura na obra de Rafael Bordalo Pinheiro, Caldas da Rainha, museu José Malhoa, 1987, pp. 5 a 23.