Pour les Mongols, partager de la nourriture, c'est bien plus et bien autre
chose que se nourrir. En famille ou avec des visiteurs, au quotidien ou lors
d'événements, le partage garantit, par un jeu d'«ouverture» et de «fermeture»,
le bon ordre des relations sociales, du déroulement des saisons et du cycle de
la vie humaine. Il attire ainsi le «bonheur» sur les humains et leurs
troupeaux.
Sandrine Ruhlmann, qui a vécu de longs mois en Mongolie de 2000 à 2015, tant
dans la steppe qu’en ville, décrit et analyse en détail le système alimentaire
actuel. Elle y reconnaît, entremêlées, des idées et des valeurs héritées du
chamanisme, du bouddhisme et de l’idéologie communiste. À travers la viande sur
l’os, le lait fermenté, les raviolis ou les gâteaux-semelle, c’est toute une
façon de penser et de vivre qui se révèle.
Sandrine Ruhlmann est anthropologue, docteur de l’École des Hautes Études en
Sciences Sociales. Post-doctorante au Laboratoire d’Anthropologie Sociale
(EHESS-CNRS-Collège de France) et actuellement au Labex Structurations des
Mondes Sociaux (LISST-CAS), elle travaille sur la perception et la gestion des
maladies animales en Mongolie.
Editions Centre d'Études Mongoles et Sibériennes
(EPHE)