Conférence d’Albert
TORRECILLA
Le 7 février 2014, dans le cadre
du programme des rencontres de l’honnête volupté.
De
très nombreux récits de voyage français ou étrangers émaillent les trois
siècles de domination espagnole sur l’Amérique Méridionale. De la découverte de
l’Amérique par Christophe Colomb, en passant par la conquête du Mexique puis
celle du Pérou jusqu’aux guerres d’indépendance issues du grand rêve bolivarien,
il semble que tout ait été dit sur ces peuples du nouveau monde. Et pourtant,
tout le monde a-t-il vu la même chose ? N’y aurait-il pas un regard
différent en fonction de la nation à laquelle on appartient ?
Les
récits de voyages sont prolixes, sur les mœurs locales, sur les païens que les
missionnaires dès les premières expéditions tenteront de ramener dans « le
droit chemin », mais aussi sur les nouveaux venus qui se laissent aller à
la paresse et aux plaisirs réprouvés, sur l’administration et ses dérives, sur le commerce et les espérances mirifiques
qu’il fait envisager ou sur la chose militaire scrutée de près et dont parfois
l’inorganisation peut susciter les convoitises guerrières. Ces récits sont
également friands en anecdotes et nous le verrons, le réel et l’imaginaire cohabitent
sans aucune réserve, même parmi les scientifiques les plus chevronnés.
Pourtant,
me semble-t-il, une thématique a très peu été explorée, il s’agit des pratiques
alimentaires. Que mange-t-on dans cette Amérique, nommée pour ce qui concerne
mon étude, vice-royauté du Pérou ?
Lorsque
les Français abordent enfin ces terres dans la seconde moitié du XVIIème
autrement que de manière sporadique, une structure sociale, économique et
politique est déjà installée, la vice-royauté du Pérou. Cette nouvelle société
a ses codes, ses mœurs, ses habitudes alimentaires qui ne sont plus tout à fait
celles d’Espagne, puisque depuis un siècle et demi, les produits vont et
viennent et se mêlent dans les cuisines.
Dès
lors, ces voyageurs français longtemps exclus, qu’ont-ils vu ? Que
viennent-ils chercher exactement ? Pour ce qui concerne mon propos,
ont-ils porté un regard particulier sur les produits alimentaires, les
modes de cuisson, les ustensiles de cuisine, y a-t-il seulement eu un intérêt
pour la chose culinaire ? Autant de questions qui trouveront peut-être
quelques réponses dans les récits de voyages de ces aventuriers des XVII et
XVIIIème siècles.